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Poirier et prunier verreux

Bonjour
J'ai des arbres fruitiers (poiriers,mirabelles) qui donnent de nombreux fruits tous les ans. Je ne garde que les gros fruits, malheureusement ces fruits ont des vers. Comment peut-on lutter contre ? J'ai vu que certains couvraient le sol, d'autres utilisaient un mélange d'huile/ail/eau (je ne connais pas le dosage) mais c'est peut être dangereux pour les abeilles. J'ai décidé cette année d'utiliser des phéromones, c'est efficace ou pas ? Avez vous d'autres solutions ?
Merci de me renseigner.


Une réponse


Bonjour,
Origine des fruits véreux: Le CARPOCAPSE. Le carpocapse est un petit lépidoptère (papillon) qui mesure entre 15 et 18/20 millimètres.
Les papillons sont particulièrement actifs au crépuscule, durant les soirées calmes et chaudes (de tout façon au-dessus de 12°). Après l'accouplement a lieu la ponte, puis vient l'éclosion au bout d'une quinzaine de jours et après 1 ou 2 jour(s) (= stade "baladeur"), la jeune chenille pénètre dans le fruit en creusant une galerie en spirale et progresse vers l'intérieur tout en se nourrissant. C'est pendant le stade "baladeur" que les larves sont les plus vulnérables.
MOYENS de LUTTE - En prévention:
. Favoriser les ennemis naturels du carpocapse: les oiseaux insectivores (les nourrir en hiver et leur mettre à disposition des nichoirs).
. Ensacher les fruits avec des sachets en papier kraft (= manchons à fruits). C'est un travail fastidieux mais efficace, faisable avec les poires, mais
naturellement pas avec les prunes !
. Ne pas laisser traîner les fruits véreux tombés et cueillir les fruits véreux repérés sur l'arbre pour éliminer le ver avant qu'il ne sorte du fruit et
interrompre de cette façon son cycle.
. Disposer une bande-piège en carton ondulé paraffiné à partir de juin autour du tronc. Elle va servir de refuge aux larves pour effectuer leur
nymphose en cours de saison ou pour tisser leur cocon pour passer l'hiver, en fin de saison. Il suffit de retirer la bande en novembre et la brûler
pour éliminer les futures carpocapses.
. Effectuer un badigeon à la chaux (blanc arboricole à base de lait de chaux qui est 100% naturel). Protège les troncs contre les mousses, les
champignons, les lichens et les parasites.
Pendant la saison:
. Il existe la méthode de la confusion sexuelle avec mise en place de diffuseurs de phéromones de synthèse. Les vapeurs libérées lentement et
progressivement attirent les carpocapses mâles et agissent en désorientant ces derniers, empêchant ainsi l'accouplement et la reproduction.
Le prix de ces diffuseurs est relativement élevé. Les réseaux de vente sont pour les professionnels, ils ne détaillent pas.
. La carpovirusine (virus spécifique du carpocapse = virus de la granulose) est très utilisée par les professionnels. La carpovirusine est , à ma
connaissance, le seul produit de traitement contre le carpocapse, qui soit à la fois naturel et spécifique. Il est sans danger pour les pollinisateurs
et autres auxiliaires. Le virus protège les fruits en éliminant les larves en agissant par ingestion. Il faut tabler sur au moins quatre interventions.
L'alternance avec le B.T. (Bacillus Thuringiensis) est recommandé.
Pièges à Phéromones. Pour les professionnels les pièges à phéromones sont uniquement utilisés pour surveiller le déroulement du vol et
de faire un pronostic négatif sur le risque qui détermine le déclenchement des traitements lorsque le seuil de tolérance est atteint. On admet en
général qu'il n'y a pas danger immédiat tant que les captures ne dépassent pas 5 à 8 prises par piège et par semaine. Le cycle du carpocapse est
très étroitement lié à la température. Un piège sexuel placé vers la mi-mai permet de situer le début du 1er vol, de constater les périodes d'inten-
sification de la menace, la reprise du second vol, éventuellement du 3ème vol certaines années et enfin de voir arriver la fin d'activité du ravageur.
Pour les amateurs, les pièges à phéromones semblaient être la bonne solution afin de ne plus avoir de fruits véreux. Les pièges à phéromones
permettent de capturer beaucoup de mâles, c'est vrai, mais attirent aussi des mâles qui ne seraient jamais venus et comme un certain
pourcentage de ces papillons ne se fait pas prendre, les dégâts sont pratiquement aussi importants que si l'on n'avait rien fait.
Bilan de l'opération: dépenses non négligeables (pièges à phéromones, 3 capsules à phéromones par saison et par piège, renouvellement des
plaques engluées) pour un résultat positif quasiment nul. Si tous les propriétaires non professionnels d'arbres fruitiers installaient des pièges à
phéromones, la donne changerait complètement.
Attention: - Les capsules à phéromones ne sont pas les mêmes pour les pruniers et les pommiers/poiriers. Le carpocapse du prunier est d'une espèce différente que celui du pommier ou poirier mais cause des dégâts comparables.

Cordialement


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