Hortiquid

Le savoir au Jardin

Les experts de la SNHF vous répondent

Que penser des engrais minéraux?

Bonjour, on entend partout que l'azote et la potasse sont indispensable aux plantes. Pourtant dans la nature on ne trouve pas de l'azote et de la potasse en granulé mais mélangés à une multitude de micro-organisme et de molécules diverses et variés, avec un foisonnement de champignons et d'insectes. Accepterions nous de respirer de l'oxygène en bouteille nous coupant de tout parfum et odeur. L'épandage n'est-il pas la seule solution, pour les agriculteurs et l'engrais fait avec les déchets ménagers pour le particulier?


Une réponse



La potasse et l'azote sont présents généralement naturellement  dans les sols, en quantité plus ou moins importante. Avec l'introduction de l'agriculture, voici plusieurs milliers d'années, les sols ne sont pas toujours capables d'assurer une production végétale compatible avec le besoins  de la population mondiale. Chaque année l’enlèvement des récoltes extrait en effet des champs des quantités importantes de sels minéraux, nitrate, phosphate, sulfate, potassium, magnésium, etc. En conséquence les sols s’épuisent en ces éléments, et ces derniers doivent être restitués sous forme de fumure organique (fumier, compostes, etc.) ou d'engrais minéraux. L’apport de fertilisants a permis jusqu’à présent de nourrir toute l’humanité. Toutefois, ce succès n’est pas sans inconvénient. L’excès d’engrais azotés et phosphatés notamment est la cause de graves problèmes de pollution des sols et des nappes phréatiques.



 De ce fait l'apport d'engrais minéraux est un exercice difficile et l'agriculteur ou le jardinier doit tenir compte des propriétés physiques et biologiques des sols. Les sols par leur constitution contiennent naturellement des éléments minéraux (potasse, phosphates, etc.). Ils renferment également des bactéries qui décomposent la matière organiques des sols (pailles, racines, organismes  morts) en éléments minéraux azotés, ammoniaque et nitrate. Il existe également certains champignons du sol associés aux racines des plantes, les mycorhizes, qui manifestent de grandes capacités de prélèvement de l’eau et des éléments minéraux (phosphore et azote notamment) au bénéfice de la plante hôte. En retour, la plante fournit aux champignons des composés organiques issus de la photosynthèse.  Cette symbiose concerne 95% des espèces végétales (plantes ligneuses et de grande culture. De même des associations entre bactéries (Rhisobiacées) fixatrices d'azote moléculaire (de l'air) permettent aux plantes d'assurer une partie de leur nutrition azotée. Toutefois dans ce dernier cas, cette fixation symbiotique de l'azote atmosphérique ne concerne qu'un nombre limité de plantes, les légumineuses essentiellement (pois, haricots, luzerne, etc.) et quelques arbres forestiers.



Ainsi dans la nature il existe naturellement des éléments minéraux issus des sols (de leur constitution géologique) et de l'activité biologique de ces derniers (champignons et bactéries). Cependant en récoltant les plantes, on épuise les sols en éléments fertilisants. Il faut donc en rajouter, soit en apportant du fumier et des compostes, soit directement sous forme de granulés (engrais), tout en conservant les propriétés physiques et biologiques des sols. C'est tout un art pour les agriculteurs et les jardiniers.  Rappelons que les engrais minéraux ne sont pas des produits artificiels construits par les chimistes. Ils sont soit extraits du sous-sol (potasse, phosphates, sous forme de minerais parfois avec des impuretés), soit issus de l'air  (procédé Haber-Bosch). Dans tous les cas il faut favoriser la nature et n’apporter les engrais que quand les sols s'appauvrissent trop et le faire avec précaution sans détruire les sols.



Les chercheurs s’’intéressent beaucoup aux mycorhizes et aux bactéries fixatrices d’azote et espèrent à terme améliorer leur performances et réduire ainsi l’utilisation d’engrais azotés qui demandent beaucoup d’énergie pour les produire.



Techniques horticoles